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Coronavirus : les six semaines d'enfer de six chefs d'entreprise

Entre le début du confinement et la fin avril, six entrepreneurs franciliens témoignent des doutes, des difficultés et des décisions qui les ont marqués. Autant de fortunes diverses qui marquent six semaines folles, pas vraiment derrière eux.

Pour Lucky Staff, il faut se projeter dans l'avenir, tous les grands événements qu'organise l'entreprise sont annulés ou reportés.
Pour Lucky Staff, il faut se projeter dans l'avenir, tous les grands événements qu'organise l'entreprise sont annulés ou reportés. (DR)

Par Dominique Malécot

Publié le 13 mai 2020 à 14:52Mis à jour le 14 mai 2020 à 12:22

Le 17 mars a résonné comme un big bang pour les chefs d'entreprise, qui ont depuis vécu tant de fortunes diverses. Six dirigeants franciliens refont le film des six semaines d'enfer entre ce moment-là et la fin avril, lorsque le déconfinement a commencé à se dessiner.

Toutes les entreprises n'ont pas fermé, certaines ont même pu faire avancer leurs projets, comme en témoignent plusieurs levées de fonds annoncées fin avril. InsideBoard a levé 25 millions d'euros pour perfectionner son logiciel de gestion du changement dans les grands groupes multinationaux.

Mais tant d'autres ont dû faire « au mieux » pour s'adapter. Spécialiste du marketing olfactif, HBES installe des diffuseurs de parfums élaborés à Grasse dans les espaces qui accueillent du public tels qu'hôtels, salons de réception, salles de spectacle ou bureaux. « Nous opérons dans toute la France, explique Jean-Louis Carou, patron de cette entreprise de Courbevoie (Hauts-de-Seine) de moins de 10 salariés. Nous avons dû trouver du matériel de protection individuelle et mettre en place des procédures recommandées par le Medef pour nos techniciens avant de reprendre notre activité. » C'est « la débrouille » qui permet à ses salariés itinérants de se loger tous les soirs. C'est efficace : le planning des deux prochains mois est bouclé.

Se projeter dans « l'après-Covid »

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C'est loin d'être le cas pour Lucky Staff. Cette société du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) regroupe cinq entreprises dans l'événementiel haut de gamme et la restauration. Résultat, 19 de ses 20 salariés permanents sont en chômage partiel, le patron, Stéphane Lemaire, ne pouvant pas en bénéficier. « Nous allons perdre 50 à 60 % de notre chiffre d'affaires sur l'année. Devant un événement tellement incroyable et exceptionnel, la seule solution est de garder l'envie d'entreprendre et de se projeter dans l'après-Covid », affirme-t-il.

Stéphane Baudry se situe à l'opposé. Ce matin du 30 avril, il termine une vidéoconférence avec les principaux acteurs français de l'optique médicale. Il s'agit d'être prêt pour la réouverture des opticiens ce 11 mai. Le groupe familial EHDH (European Healthcare Distribution Holding) qu'il préside est l'un des géants européens du transport et de logistique des produits de santé avec ses filiales spécialisées CSP, Eurotranspharma et Ciblex. Selon les activités, il a dû gérer une suractivité avec moins de monde ou mettre 50 salariés au chômage partiel sur un effectif global de 5.000 collaborateurs. Parallèlement, le groupe basé à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) a mené à terme l'achat de son homologue Movianto à l'américain Owens & Minor. Les deux groupes sont très complémentaires sur le plan géographique. « Nous doublons l'effectif et le chiffre d'affaires en atteignant le milliard d'euros », résume le dirigeant.

Concilier court et moyen terme

A la tête de cinq corners et trois magasins dédiés aux soins de la barbe et des cheveux avec 44 salariés, Sarah Daniel-Hamizi a dû fermer, comme tous ses confrères. La fondatrice de La Barbière de Paris a alors offert gratuitement ses services aux soignants des hôpitaux, mais a du résister à « la pression de confrères », dénonce-t-elle, qui lui demandaient d'arrêter. Elle a rouvert ses salons ce 11 mai.

A la tête de l'entreprise de désamiantage EuropAmiante (154 salariés) à Nanteuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne), Carine Rouvier a dû s'arrêter dès le 16 mars avec la fermeture des chantiers où elle intervenait. Elle a pu reprendre progressivement une partie de son activité fin avril et, pour diversifier son activité, elle a racheté une petite métallerie de 8 salariés, qui n'avait pas pu bénéficier d'un PGE.

Basé à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), Someflu fabrique des pompes pour fluides corrosifs avec 75 salariés et réalise de 10 à 12 millions d'euros de chiffre d'affaires dont 30 % à l'export. L'entreprise a dû se réorganiser en formant deux équipes pour respecter les normes de distanciation et a perdu de ce fait la moitié de sa productivité. Le niveau des commandes permet de le gérer, mais, pour Alexandre Lacour, le patron de l'entreprise, « en s'adaptant au court terme on perd de la visibilité sur le moyen terme ».

Dominique Malécot

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